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Libération
TRIBUNE

Le miroir de la corruption

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publié le 19 février 1996 à 1h04

Une proposition de loi sur la réforme du délit d'abus de biens

sociaux, véritable amnistie dissimulée, a failli passer devant le Parlement, et, n'en doutons pas, elle passera un jour sous cette forme ou sous une autre. Déjà l'affaire Pelat a été classée sans autre forme de procès. De toute façon, ce qu'on appelle pudiquement abus de biens sociaux relève bien souvent de la ventilation de biens et de profits presque aussi illicites que l'argent de la drogue. On ne voit pas en effet où commence et où s'arrête la chaîne de la corruption. Tapie détournant des fonds pour truquer des matchs de football peut être dit corrompu, mais le Crédit Lyonnais, qui alimentait si généreusement les caisses de Tapie, ne l'est-il pas tout autant (d'ailleurs Tapie ne s'est pas fait faute de le lui reprocher pour se disculper)? Et tout l'argent dilapidé par le même Crédit Lyonnais dans des entreprises hasardeuses, à l'image de bien d'autres banques et institutions financières, n'est-ce pas un véritable détournement et abus de biens sociaux? Personne ne dénonce ce scandale, sous prétexte qu'il ne tombe pas sous le coup de la loi. Mais on sait bien que la fraude «légale» est bien plus considérable que la fraude illégale ­ ce qui relativise, et d'une certaine façon ridiculise l'opération anticorruption, qui joue à sa façon comme couverture et diversion de la corruption réelle.

On n'en finirait pas d'aller aux racines de la corruption. Elle est insondable, elle est sans doute consubstantielle au fonction