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Libération

Disneyworld Company

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publié le 4 mars 1996 à 3h11

Au début des années 80, quand la métallurgie lorraine entra dans une

crise définitive, les pouvoirs publics eurent l'idée de pallier cet effondrement en créant un parc européen de loisirs, parc à thème «intelligent» destiné à rendre un souffle à la région. Il fut appelé Schtroumpfland. Le directeur de la sidérurgie défunte devint tout naturellement directeur du parc d'attractions, et les métallurgistes au chômage furent réembauchés comme «schtroumpfmen» dans le cadre de ce nouveau Schtroumpfland. Hélas, quand le parc lui aussi, pour des raisons diverses, dut fermer ses portes, les ex-métallurgistes devenus des «schtroumpfmen» se retrouvèrent au chômage. Sombre destin qui, après en avoir fait les victimes réelles du travail, en fit les travailleurs fantômes du loisir, pour en faire finalement les chômeurs de l'un et de l'autre.

Mais Schtroumpfland n'était qu'une miniature. L'entreprise Disney est d'une autre envergure. Pour en avoir une idée, il faut savoir que Disney «Illimited», après s'être annexé une des plus grandes chaînes de télévision américaine, est en passe de racheter la 42e rue à New York, la partie «chaude» de la 42e rue, pour en faire une zone d'attraction érotique, sans rien y changer ou presque: simplement transformer sur place, in situ, un haut lieu de la pornographie en succursale de Disneyworld. Transformer les pornographes, les prostituées, comme les métallos de Schtroumpfland, en figurants de leur propre monde, métamorphosés à l'identique, muséifiés, disnéi