Les pilotes exilés cubains de l'organisation Hermanos al rescate
(Frères au secours), récemment abattus par la chasse de La Havane, accomplissaient la plus belle mission qui soit: aider des hommes, leurs compatriotes, à échapper aux gardes-côtes du régime, aux requins et aux courants maritimes violents.
Car la fuite demeure le seul recours accessible aux Cubains. Certains ont utilisé des planches à voile ou des radeaux; d'autre encore ont préféré détourner de petits bateaux ou même des remorqueurs. La marine militaire castriste n'a jamais hésité à faire feu sur les fuyards ni à les jeter à la mer à l'aide de canons à eau, comme en juillet 1994. La liberté à Cuba est confisquée depuis trente-sept ans. C'est plus que n'importe quelle tyrannie qu'ait eu à subir le monde hispanophone: plus que Franco; plus que Stroessner au Paraguay; plus que Gomez au Venezuela; bien plus que Pinochet ou que Batista à Cuba même. Et les méthodes de Fidel Castro n'ont rien à leur envier: exécutions à répétition, dès les débuts du régime et jusqu'à nos jours, emprisonnements pour vingt ou trente ans, parfois pour des broutilles, rarement pour crimes de sang. Jorge Valls, qui a passé vingt ans dans les geôles du régime, disait que la prison était «le seul territoire libre de Cuba». En prison, les dissidents de Concilio Cubana pour avoir voulu se réunir librement à La Havane. Beaucoup d'entre eux connaissaient déjà la prison ou les «manifestations de répudiation», dans lequelles des sbires du régime,