L'épidémie des vaches folles est d'abord l'épidémie de
ramollissement cérébral des populations humaines tournant affolées sur elles-mêmes, dans un accès prodigieux de mimétisme bovin. C'est un test grandeur nature sur la qualité du troupeau humain.
Les bovins ne risquent pas de nous refiler leur maladie spongieuse: elle est déjà là partout, virus mental bien plus funeste que le virus biologique. Si l'information est elle-même la plus atteinte (quoi qu'elle en dise), c'est pour une bonne raison: c'est que c'est elle qui représente pour toute épidémie le champ névralgique idéal. Les réseaux de communication constituent un immense champ viral, et la transmission instantanée est en soi un péril mortel. Dans cette situation perpétuelle de masse critique, la moindre étincelle suffit à faire crever l'abcès de responsabilité collective, tout comme le moindre corps projeté dans une solution diffuse provoque une cristallisation fulgurante. Nos systèmes sécrètent une telle charge de responsabilité flottante qu'elle se condense de temps en temps comme l'électricité statique dans la foudre. A ce qui nous menace réellement, il faut ajouter cet amas de responsabilité, cette nuée radioactive qui guette la moindre occasion pour crever. La vache folle est une réincarnation de la vache sacrée sous forme de vache avariée. Contrairement à l'exemple de l'Inde, où l'animal sacré partage avec l'homme des maladies infectieuses, mais tout cela sur un mode endémique, le bovidé, voué au carnage de la bo