Vidéo, écran interactif, multimedia, Internet, réalité virtuelle:
l'interactivité nous menace de partout. Partout ce qui était séparé est confondu, partout est abolie la distance: entre les sexes, entre les pôles opposés, entre la scène et la salle, entre les protagonistes de l'action, entre le sujet et l'objet, entre le réel et son double. Et cette confusion des termes, cette collision des pôles font que nulle part il n'y a plus de jugement de valeur possible: ni en art, ni en morale, ni en politique. Par l'abolition de la distance, du «pathos de la distance», tout devient indécidable. Jusque dans le domaine physique: la trop grande proximité du récepteur et de la source d'émission crée un effet Larsen qui brouille les ondes. La trop grande proximité de l'événement et de sa diffusion en temps réel crée une indécidabilité, une virtualité de l'événement qui lui ôte sa dimension historique et le soustrait à la mémoire (1). Partout où opère cette promiscuité, cette collision des pôles, ça fait masse.
Jusque dans le reality show, où on assiste, dans le récit en direct, dans l'acting télévisuel immédiat, à la confusion de l'existence et de son double. Plus de séparation, plus de vide, plus d'absence: on entre dans l'écran, dans l'image virtuelle sans obstacle. On entre dans sa vie comme dans un écran. On enfile sa propre vie comme une combinaison digitale.
A la différence de la photo, du cinéma et de la peinture, où il y a une scène et un regard, l'image vidéo comme l'écran du compu