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Libération
TRIBUNE

Fantasmes télévisuels

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publié le 3 juin 1996 à 7h28

La télévision fait beaucoup parler d'elle ces temps-ci. En principe,

elle est là pour nous parler du monde et pour s'effacer devant l'événement, en bon medium qui se respecte. Mais depuis quelque temps, il semble, ou qu'elle ne se respecte plus, ou qu'elle se prend elle-même pour l'événement.

Même les Guignols de Canal + en sont venus à prendre pour cible les péripéties confuses du microcosme audiovisuel et celles de leur propre chaîne. Sans parler du chassé-croisé des vedettes, des directeurs de chaîne et de programmes, sans compter les intrigues et la corruption qu'on imagine de règle dans cette jungle, mais cette fois portées à l'écran et livrées au public comme un spectacle à part entière.

On se doutait bien que les media n'échapperaient pas au syndrome compulsif de mise en examen, de blanchissement, de réhabilitation et de repentir qui affecte la classe politique ou les grandes entreprises depuis un certain temps. Tous les pouvoirs sont affectés par le syndrome dépressif du pouvoir ­ le complexe de justification de tout pouvoir lorsqu'il devient excessif et ne représente plus rien. C'est le cas du politique, et aujourd'hui du médiatique. Si la télévision se met à tourner en orbite autour d'elle-même et à détailler à loisir ses propres convulsions, c'est qu'elle n'est plus capable de trouver un sens en dehors d'elle-même, de se dépasser elle-même en tant que medium pour trouver ce qui est sa destination: produire le monde comme information et donner un sens à cette informat