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Libération
Analyse

Vivre à l'ombre du terrorisme

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publié le 7 août 1996 à 9h52

Je n'ai guère de consolation à offrir, en tant qu'Israélien dont la

vie tout entière se déroule à l'ombre du terrorisme, au citoyen américain qui commence sans doute à comprendre à quoi ressemblera la vie dans son pays dans les prochaines années. Je peux dire simplement ceci: le terrorisme rend la vie amère. Il impose au citoyen un mode de vie «militaire», qui s'insinue peu à peu dans tous les recoins de son existence. Peu à peu, celui-ci se voit encerclé d'hommes et de systèmes dont la mission est de veiller à sa sécurité qui, dans le même temps, ne font qu'accuser le désarroi et le sentiment d'insécurité de ce citoyen. Toutes les institutions scolaires sont ainsi reliées à un réseau d'intervention rapide; des rues sont fermées plusieurs fois par jour pour cause d'alerte à l'«objet suspect». Pour avoir oublié mon sac à la station d'autobus, il se peut qu'au bout de quelques minutes il soit détruit par un artificier. Si ma voiture éveille quelque soupçon, elle sera dépecée aux fins d'enquête. S'embarquer à bord d'un avion est plus compliqué que de tenter de se faire inscrire dans le plus prestigieux des collèges.

Des secteurs de plus en plus larges du marché du travail sont mobilisés au service de tâches de communications sécuritaires. Des énergies énormes de créativité et d'invention, qui auraient pu enrichir la science et la technologie, sont asservies aux systèmes de sécurité. Les libertés et droits individuels vont en s'amenuisant, au prétexte du «danger pour la sécurité»