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Libération
Analyse

La paix en flammes

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publié le 28 septembre 1996 à 10h16

Comme il est difficile de créer quelque chose de nouveau dans ce

monde, et cette chose, comme il est facile de la détruire! Il n'a fallu que quelques heures pour déchirer la délicate trame de relations qui avait été tissée entre Palestiniens et Israéliens après un siècle d'animosité. De quoi était faite cette trame? Des choses les plus abstraites: beaucoup de bonne volonté de part et d'autre, la lassitude suscitée par la guerre et, avant tout, la maturité et la disposition de quelques grands dirigeants qui, avec la sagesse que confère l'âge, ont su s'élever au-dessus de leurs craintes et se rebeller contre leurs propres mentalités.

Au cours des deux dernières années, nous avons pu commencer à nous demander à quoi ressemblerait la paix véritable entre Israël et ses voisins. Je parle bien de paix, et non d'amour. Mais qui, de toute manière, s'intéresse à l'amour entre les pays? Le principal est dans l'évolution des catégories de sentiment et de pensée: il est soudain devenu clair, à la surprise de bien des Palestiniens et de bien des Israéliens, que celui qui remise ses stéréotypes pour se mettre à considérer l'ennemi comme un être humain découvre que cet être est une personne comme lui. Il s'est avéré que lorsqu'on respectait son ennemi en tant que personne, il devenait digne de notre respect. Il est apparu qu'une personne ­ et un pays ­ pouvait décider qu'il ou elle n'était plus disposé(e) à demeurer la victime d'une vision du monde figée et d'une interprétation étriquée de sa