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Libération
TRIBUNE

NTM en prison, le FN aux élections.

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La condamnation du groupe de rap souligne le refus de comprendre la violence sociale.
publié le 18 novembre 1996 à 1h25
(mis à jour le 18 novembre 1996 à 1h25)

C'est entendu. On ne critique pas les décisions de justice. Mais on le droit de s'interroger sur leurs significations et leurs effets. Je n'aime guère l'expression «nique ta mère» ou «nique» qui que ce soit. Mais vaut-elle trois mois de prison ferme? NTM n'est pas Baudelaire, mais on peut observer que la France de la guerre d'Algérie, puis celle de Michel Debré et de Raymond Marcellin se bornaient à interdire d'antenne quelques chansons de Boris Vian, de Georges Brassens ou de Léo Ferré. L'Angleterre de Thatcher et les Etats-Unis de Reagan n'ont pas condamné à la prison les groupes punk et les groupes de rap à côté desquels les chansons de NTM apparaissent comme des bluettes. Or, à Toulon, ville du Front national où NTM fut interdit avec la bénédiction du préfet, on met les chanteurs en prison. On pouvait traiter les CRS de SS sans autre risque que le ridicule d'une comparaison scandaleuse, on ne peut dire «nique les flics» sans mettre en jeu sa liberté. Pourquoi?

Ce n'est pas du côté de la gravité du délit qu'il faut chercher. Rappelons les militants corses armés qui donnent, en toute impunité, des interviews à la télévision. Rappelons les propos de Le Pen qui n'encourent qu'une condamnation morale. Rappelons les violences des manifestations paysannes qui n'empêchent pas les manifestants et les préfets de discuter quand les plaintes se perdent dans les lenteurs de la justice. Pour expliquer la condamnation de NTM, il faut chercher ailleurs que du côté du délit.

Il y a d'ab