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Analyse

Après les fêtes et l'euphorie mise en scène , reste la question cruciale du lien social. Surtout, celle de son absence, révélée par le vide interactif de l'écran.Certes, Chirac est nul.

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publié le 7 janvier 1997 à 16h25

La fin de l'année est, on le sait, une dure épreuve par la

contrainte de faire la fête, qui éveille partout, même chez ceux qui s'éclatent, le spectre de l'abandon. C'est justement là, dans l'euphorie mise en scène, que se pose la question cruciale du lien social. Est-ce que l'être humain est un être social? Rien n'est moins sûr. Et c'est encore beaucoup moins sûr en entendant hurler la foule des Champs-Elysées, à minuit, la nuit du réveillon, dans toutes les langues. Mais l'être humain est-il d'ailleurs un être humain? C'est ce que tout le monde aimerait se prouver grâce à toutes ces initiatives pathétiques de fin d'année (qu'est-ce que ce sera à la fin du siècle!) qui se penchent sur les pauvres avec un acharnement thérapeutique ­ thérapeutique pour les riches bien sûr, qui se sauvent par là de la dépression, mais aussi acharnement caritatif envers les pauvres, qui tourne parfois au harcèlement, lorsqu'on veut pousser les SDF malgré eux dans les asiles ­ certains d'entre eux préférant vivre et mourir non socialement.

Nous aimerions nous prouver que nous sommes humains par cet affect hypocondriaque pour ces membres et organes malades d'une société qui se berce entre-temps, sur tous les médias, du phantasme idiot d'être la quatrième puissance mondiale. On aimerait que ce pathos de deuil automatique des périodes de réveillon soit pris par la vague de froid actuelle et retombe en stalactites de larmes gelées sur tous les prophètes de la misère des autres.

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