Enfin, le débat a été lancé. Et plus seulement sur les «critères de
convergence de Maastricht», mais sur la nature de la monnaie unique européenne elle-même. La résistance des derniers «maastrichtiens» a quelque chose de pathétique. Finis les pronostics triomphalistes qui avaient précédé l'entrée en vigueur de l'Acte unique et accompagné la campagne du «oui».
Reste l'ultime argument (voir le «Rebond» de Guillaume Duval, Libération du 4 novembre): le Front national est contre Maastricht, donc, etc. Et si c'était le contraire? Si le succès des populismes racistes s'alimentait d'une trahison du modèle européen? N'est-il pas temps aujourd'hui de sauver l'idée d'Europe contre Maastricht? Cette question n'est pas vaine. En 1998, presque aucun pays ne respectera les critères de Maastricht, et les décisions seront donc, de fait, politiques. Les majorités qui sortiront des urnes pourront dire par exemple: «Les critères ne sont pas respectés, l'euro est donc caduc, sauf si le Traité est amendé dans tel ou tel sens.» Mais d'abord, avons-nous besoin d'une monnaie unique? Pas absolument: l'Europe a vécu très bien sans elle. Certes, l'euro, conférant un très grand pouvoir monétaire à un ensemble puissant, serait un précieux outil de développement, socialement solidaire et écologiquement soutenable à condition qu'il soit subordonné à cet objectif, ce qui n'est pas le cas.
Ensuite, la monnaie unique est-elle possible? Cela supposerait que les diverses sociétés qui composent l'Europe soient