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Analyse

Enquête sur les manipulations génétiques. Le clone, un crime parfait

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publié le 17 mars 1997 à 23h14

Décidément le monde animal n'a pas fini de nous étonner. Après la

vache folle, le mouton cloné. Crazy Cow et Baby Dolly. Et ce n'est pas un hasard s'ils dessinent ensemble le thème astral de cette fin de siècle. On va pouvoir cloner de plus en plus de moutons et fabriquer ainsi de plus en plus de farines animales qui alimenteront de plus en plus de vaches folles" Mais l'analogie va plus loin: le clonage est lui-même une forme d'épidémie, de contagion, de métastase de l'espèce saisie par la reproduction à l'identique et la prolifération à l'infini, au-delà du sexe et de la mort. L'événement capital est dans la liquidation de la reproduction sexuée et, par voie de conséquence, de toute différenciation et de tout destin singulier de l'être vivant. La plus grande révolution dans le règne du vivant, le passage de la démultiplication indifférenciée, protozoaire et bactérielle, de l'immortalité des êtres monocellulaires à la reproduction sexuée et à la mort imprescriptible de tout être individuel, nous sommes en train, par les voies paradoxales de la science et du progrès, de l'annuler purement et simplement, au profit de la monotonie biologique du règne antérieur, de la perpétuation d'une vie minimale et indifférenciée, dont nous avons peut-être gardé la nostalgie.

Ce que Freud désignait par la pulsion de mort n'était rien d'autre que cette tentation vertigineuse d'en revenir, en deçà de cette révolution biologique du sexe, en deçà de la mort, à l'anéantissement dans l'éternelle ré