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Libération
Analyse

Le mouvement contre la loi Debré pourrait amorcer une nouvelle façon de penser. La parenthèse des pétitions n'est pas refermée.

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publié le 28 mars 1997 à 22h35

A présent, les uns et les autres affectent de croire que le

mouvement de désobéissance civique en France est terminé, qu'il s'agissait d'une parenthèse et qu'elle est refermée. Un chahut d'artistes et d'intellectuels en quelque sorte, plutôt sympathique et généreux d'ailleurs, mais naïf, dangereusement naïf, et très éloigné des dures réalités.

Comment laisser dire ça? Que deux cinéastes français aient lancé une pétition appelant à désobéir à une loi inhumaine n'avait en soi rien d'extraordinaire. Ce qui l'était beaucoup plus, c'est le succès fulgurant que leur initiative a rencontré. Sans le savoir, ils avaient mis le doigt sur un point sensible, et un petit tremblement de terre s'en est suivi. Si la revendication de désobéissance civique a donné corps à une communauté insaisissable dépassant très largement le milieu des artistes et des intellectuels, c'est que, à ce moment précis de l'histoire, février 1997, il existait en France un sentiment profond et informulé que cette initiative a révélé. Il est très important de comprendre ce qu'est ce sentiment et ce que l'émergence de cette communauté veut dire.

D'abord, il faut rappeler que la pétition n'a pas été lancée contre Le Pen mais contre une loi du gouvernement français. Elle n'a pas voulu frapper le dirigeant d'extrême droite mais le canal par lequel ses idées passent pour s'imposer au Parlement et par conséquent à l'ensemble de la société. Tous les pays d'Europe se débattent dans la crise, tous savent que la gigantesque m