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Economiques. Les 35 heures, les salaires et l'emploi.

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publié le 12 mai 1997 à 3h02

Les déceptions successives engendrées par des promesses dont la

longévité ne dépasse pas l'horizon post-électoral expliquent sans doute le scepticisme de l'opinion à l'égard des programmes. Ainsi en est-il des 35 heures auxquels la majorité de nos concitoyens ne croient guère. Le bon sens populaire, qui en l'occurrence rejoint la logique économique, doute que l'on puisse créer des emplois sans renoncer en contrepartie à d'autres avantages. Or la réduction négociée du temps de travail est l'une des rares propositions qui soit à la dimension du problème de l'emploi, pour peu qu'elle modifie les relations sociales et substitue la solidarité à l'égoïsme individuel. Mais pour entraîner l'adhésion de l'opinion, peut-être faut-il expliciter plus clairement les sacrifices qu'elle implique. Libéralisme et dirigisme sont également impuissants à transformer le contenu en emploi de la croissance. Depuis quinze ans en France le pouvoir d'achat du salaire croît moins vite que la productivité du travail sans qu'il en résulte d'augmentation significative de l'emploi. Autrement dit, les sacrifices consentis par les salariés en termes de revenus individuels n'ont pas eu de contrepartie du côté de l'emploi. En Hollande en revanche, la rigueur salariale s'est accompagnée d'une création massive d'emplois, parce qu'elle n'a pas résulté du fonctionnement spontané du marché du travail, mais d'une volonté délibérée des partenaires sociaux de privilégier l'emploi au détriment des gains individuels. C