Au cours des dernières semaines, cette «enquête» a pris le tour d'un réquisitoire contre les thèses annonçant la fin du travail. De cette floraison de discours sur un sujet qui n'intéressait personne il y quelques années, on peut à la fois se réjouir et s'inquiéter. Se réjouir, parce que, enfin, le débat se développe. S'inquiéter, parce que formulée en ces termes: sommes-nous ou non entrés dans l'ère de la fin du travail? la question n'a, me semble-t-il, aucun intérêt. Disons-le immédiatement: aucun analyste sérieux ne se risque à soutenir qu'il n'y a plus ou qu'il n'y aura plus dans un bref avenir de travail. Certains osent, tout au plus, mettre en doute la théorie trop optimiste du déversement de Sauvy (1), d'autres soutiennent qu'il faut d'urgence réfléchir aux conséquences de l'automatisation, non seulement dans le secteur secondaire mais aussi dans le secteur tertiaire (banques, assurances, services"). C'est d'ailleurs l'accumulation de tels exemples qui a fait du livre de l'Américain Rifkin (2) un grand thriller français. Mais, si cette thèse de la fin du travail n'a pas de valeur factuelle (elle ne décrit rien d'existant), elle n'en a pas moins une extraordinaire valeur heuristique (elle aide à la recherche, à la réflexion). Qu'est-ce à dire? Qu'il nous faut, pour comprendre la place exacte qu'occupe le travail dans nos vies, et pour concevoir un autre type de société possible donc pour oser nous arracher au déterminisme du présent , pouvoir imaginer un monde
Analyse
Le travail? Il n'y a pas que ça dans la vie.
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par Dominique Méda
publié le 19 juin 1997 à 5h08
(mis à jour le 19 juin 1997 à 5h08)
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