L'Amérique dérange! Comparée à l'Europe continentale, elle affiche
une insolente vitalité économique et même démographique (le taux de fécondité y est de 2 enfants par femme contre seulement 1,5). Mais c'est surtout la création d'emplois qui interpelle ceux qui n'ont jamais cru au rêve américain et dénoncent, à juste titre, un système où l'on peut travailler dur pour vivre en dessous du seuil de pauvreté. Mais il faut être complet, en France aussi on peut être pauvre et en plus exclu de l'emploi et donc de la reconnaissance sociale.
Alors, cessons de diaboliser l'Amérique de la libre entreprise et de la flexibilité salariale pour angéliser un monde européen de protection sociale, qui ne serait pas aussi rigide qu'on le dit. Cessons de mêler le vrai et le faux pour suggérer des solutions illusoires. Ainsi, puisque la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé chez nous et pas aux Etats-Unis, il faudrait une relance de la demande par des augmentations de salaires!
Ce faisant, l'on commet une double erreur d'analyse. En premier lieu, 40% des actifs employés ont déjà plus de 40 ans et augmenter leurs salaires stimulerait surtout l'épargne pour la retraite. En second lieu, si la part des profits dans la valeur ajoutée a augmenté au détriment des salaires, ce n'est pas parce que les salaires sont trop bas, mais simplement parce que les salariés ne sont pas assez nombreux. La relation entre création d'emplois et augmentation des salaires est en réalité négative: entre 1978 et 1