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Analyse

Morale et politique en matière d'immigration. Le marché aux illusions

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publié le 13 octobre 1997 à 11h47

La tribune publiée par Libération le 7 octobre dernier fait

entendre, dans le concert assourdissant d'imprécations auquel nous étions accoutumés, une voix forte et responsable, soucieuse de dégager les véritables enjeux de la controverse sur la politique française d'immigration.

L'attitude de ceux qui se sont arrogé le monopole de l'indignation constitue une énième version de l'inadéquation d'une cause aux fins qu'elle est supposée s'assigner. L'irénisme moral constitue purement et simplement une négation de l'autonomie du politique. L'activité politique, en effet, ne peut être mesurée à un critère éthique. Faite de décisions et d'actions, elle requiert une autre distinction que celle du bien et du mal. Elle suppose que soit clairement défini le champ des possibles. Elle reconnaît que les moyens d'atteindre les fins sont nombreux, incertains et parfois contradictoires. Aussi requiert-elle un minimum de prudence, c'est-à-dire de sagesse pratique visant à la conduite de la vie. Sans cette prudence, le recours aux utopies (instaurer le règne de Dieu, accomplir le sens de l'Histoire ou encore assurer la pureté de la race) constitue un danger majeur. Méfions-nous de ce que Burckhardt appelait les «terribles simplificateurs».

Ne sommes-nous pas en présence de l'un d'entre eux lorsque les apologistes d'un monde sans frontières cherchent à fonder une politique sur les élans du coeur? Ce qui, dans cette affaire, doit nous importer fondamentalement, c'est, bien entendu, le destin des imm