L'Europe est à la recherche d'un modèle social qui lui soit propre,
différent du marché libre américain et du paternalisme supposé des Japonais: d'un modèle qui concilie, comme la médecine de ville, initiative individuelle et sécurité sociale. Le trouvera-t-elle? A s'en tenir aux actes du sommet européen de Luxembourg un patchwork coloré où la «souplesse» accordée aux entreprises est associée à la volonté d'aider les secteurs peu solvables de l'économie sociale , on peut en douter. On aurait tort, toutefois, d'en rire ou d'en faire grief aux seuls gouvernements. La vérité est que le «chômage européen», terme générique par lequel on englobait dans les années 80 la pathologie des économies européennes, s'est transformé. Passé une période d'ajustement au ralentissement brutal de la croissance des années d'après guerre, le paysage européen s'est soudainement ouvert dans les années 90.
A droite, on trouve désormais le Royaume-Uni, où le blairisme succédant au thatchérisme veut maintenir un nouvel «acquis»: la flexibilité du travail, qui permet aux entreprises anglaises de licencier sans autres contraintes que celles dont elles se sont contractuellement dotées. Le gouvernement Blair veut développer un nouveau droit à la formation pour les laissés-pour-compte du thatchérisme. Le chômage anglais est aujourd'hui recensé à 5,2%. Au centre, on trouve le Danemark, qui fut longtemps le seul pays scandinave à connaître un taux de chômage «européen» (13% en 1992) et qui a brutalement mis