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Analyse

Le fiasco des politiques culturelles.

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Quand on exige des expériences culturelles qu'elles remplissent une fonction sociale, la liberté de création risque d'être de plus en plus limitée.
publié le 22 décembre 1997 à 14h14
(mis à jour le 22 décembre 1997 à 14h14)

Des banlieues en crise naîtront les cultures de demain: tel est le nouveau fer de lance des politiques culturelles. On croit rêver: ces cultures urbaines deviennent les objets exotiques des périphéries urbaines. Les anthropologues de la modernité les ont déjà choisies comme leurs nouveaux terrains d'investigation tandis que les institutions les utilisent comme un instrument de production des nouvelles socialités. C'est plutôt rassurant: au sein même de la violence urbaine, ces cultures pleines d'avenir démontrent leur capacité à engendrer des valeurs et des règles. Ne parle-t-on pas d'une éthique hip-hop? La création artistique ne délivre-t-elle pas de la pesanteur d'une société trop assistée? Elle se présente comme un mythe salvateur qui mobilise les énergies individuelles et collectives. Elle offre les possibilités de croire en une démocratie réalisable grâce à la reconnaissance d'un pluralisme culturel dont la dynamique est une source de valeurs pour l'avenir. Mais les actions culturelles subissent le même contrôle que les mémoires collectives: ce qui a valeur de trace dans une société ne peut être déterminé par les individus ou les groupes eux-mêmes. C'est toujours à l'Etat (plus particulièrement en France) qu'il incombe d'évaluer ce qui doit être mémorable. Tous ces groupes vivent leurs propres manifestations comme une résistance à l'éphémère. Ils ne veulent pas représenter une mode. Ils revendiquent, sans l'énoncer clairement, leur intégration patrimoniale. Et les i