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Libération

Economiques. De décembre 1995 à décembre 1997.

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publié le 19 janvier 1998 à 16h27

La «grève» des chômeurs de décembre 1997 fait irrésistiblement

penser aux grèves de décembre 1995. Décembre 1995 faisait suite à l'élection présidentielle, décembre 1997 aux élections législatives: dans les deux cas, on peut y voir l'onde de choc d'une attente politique qui se heurte aux murs des «contraintes budgétaires». Dans les deux cas, l'interlocuteur est l'Etat. Décembre 1995 était la grève de ceux qui pouvaient se la permettre: les employés sous statut public. La «grève» des chômeurs plonge à l'autre bout de la chaîne sociale: du côté de ceux qui, eux non plus, n'ont rien à perdre, mais cette fois pour la raison symétrique qu'ils n'ont rien du tout. Au risque d'un paradoxe, on peut dire que dans les deux cas, le marché de l'emploi ne joue pas. Les employés sous statut observent le ralentissement économique et la frustration qu'il engendre sous un autre regard que les employés du privé. Pour ces derniers, l'emploi est devenue la récompense, et le salaire une variable d'ajustement. Pour les employés du public, en revanche, l'ordre habituel est maintenu: les salaires (ou les retraites) dédommagent du travail et doivent être proportionnés à l'effort qu'il nécessite. Décembre 1995 l'a montré en creux: les employés du privé ont participé «par procuration» au mouvement, se levant à des heures impossibles pour se rendre au travail ­ mais dans une bonne humeur imprévue.

Les chômeurs de décembre 1997, notamment ceux en fin de droits qui sont à l'origine de la revendication d'u