Les deux tribunaux ad hoc pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda ont
été, à bien des égards, imposés par l'opinion publique internationale. Ce sont les images diffusées par les chaînes du monde entier qui ont mondialisé l'indignation. Simultanément, les Etats les plus impliqués ont compris que la constitution de ces deux tribunaux était de nature à masquer, sinon faire oublier, leur propre impuissance à prévenir, interrompre, les deux génocides intervenus.
Il y a donc, a priori, un consensus pour la création d'une cour criminelle même si les arrière-pensées des Etats restent nombreuses. Contrairement à d'autres Etats, la France, jusqu'à ce jour, n'avance pas masquée, puisqu'elle défend un projet de statut restrictif bien peu conforme à sa tradition.
La visite de madame Louis Arbour (procureur du Tribunal pour l'ex-Yougoslavie) a contraint le ministère de la Défense à lever le masque, en indiquant qu'il n'autoriserait jamais les officiers français à témoigner oralement, confirmant, semble-t-il, que le gouvernement français restait fidèle aux positions de son prédécesseur. Cette visite est intervenue à un moment crucial, puisqu'il incombe au Premier ministre, dans les semaines à venir, d'arbitrer entre la position du ministre de la Défense et, par conséquent, du lobby militaire, et celle du ministère de la Justice et, dans une moindre mesure, du Quai d'Orsay.
Les résistances de la France s'inscrivent depuis trois ans dans une politique continue. Si la France a été un des pays pionnie