De tous côtés, dans les colonnes du Point comme dans celles du
Nouvel Observateur, sous la plume d'intellectuels prestigieux et de syndicalistes dont l'attachement à la qualité du «service public d'éducation» est au-dessus de tout soupçon, s'exprime une même inquiétude: l'actuelle consultation sur les lycées initiée par le ministre de l'Education nationale serait une opération démagogique, livrant l'école de la république aux caprices d'élèves incapables de discerner leur propre intérêt, soumettant l'institution aux pressions de toutes sortes (parents d'élèves, entreprises, collectivités territoriales), renonçant à l'exigence fondatrice de vérité pour subordonner in fine l'éducation à la seule satisfaction des usagers.
Certes, dans un premier temps, on pourrait légitimement s'inquiéter de cette étrange convergence entre des personnalités dont les références idéologiques sont souvent diamétralement opposées. Mais l'écho de leurs préoccupations est suffisamment important pour que l'on prenne au sérieux leur avertissement. On ne rappellera jamais trop que l'école ne peut pas être un simple «service» mais doit rester, quoi qu'il en coûte, une «institution». La qualité d'un service se mesure à la satisfaction des usagers: la voirie, la poste, le dépannage des téléviseurs sont des services. Publics ou privés, ils sont soumis à la demande et doivent la satisfaire.
Mais il est, dans tout Etat républicain au moins, trois grandes institutions qui doivent échapper à la logique du service: