Les cinq essais nucléaires indiens et les six pakistanais ont
suscité des commentaires à connotation catastrophiste. Risque de déclenchement d'une guerre nucléaire indo-pakistanaise, accélération de la course aux armements, relance d'une prolifération incontrôlable, le pire a souvent été annoncé. Mais, au-delà du caractère forcément spectaculaire que produisent des essais atomiques, l'ordre nucléaire existant n'est pas fondamentalement remis en cause par ces événements.
Il n'y a, en effet, pas de situation radicalement nouvelle. Le monde ne compte pas aujourd'hui de nouveaux Etats nucléaires. Il y a, avant comme après les essais, cinq Etats nucléaires officiels (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine), qui ont, selon la définition du traité de non-prolifération (TNP), procédé à des essais avant le 1er janvier 1967 et trois Etats nucléaires officieux, Israël, Inde, Pakistan. Ces derniers ne pourront jamais être reconnus comme Etats nucléaires officiels car il est politiquement impossible de modifier le texte du TNP sans prendre le risque de détruire l'édifice juridique de la non-prolifération. Mais leur capacité nucléaire de facto est connue depuis longtemps et ils n'entendent pas y renoncer, c'est pourquoi ils ont toujours refusé de signer le TNP en tant qu'Etats non nucléaires. L'Inde et le Pakistan ont simplement voulu afficher leur capacité et, au passage, améliorer leur arsenal. Ils ont rendu publique une situation qui était officieuse. Ils ne sont pas devenus des