L'économiste et prix Nobel James Tobin avait proposé, il y a vingt
ans, de jeter «un peu de sable» dans les rouages trop bien huilés de la finance internationale. A cet effet, il recommandait une taxe, d'un montant faible, sur chaque transaction financière, afin de ralentir les flux et reflux de la circulation financière mondiale.
A la faveur d'un retour des «grandes spéculations boursières», l'idée a resurgi et mobilise un véritable mouvement d'opinion en sa faveur. Les milliards de milliards de dollars qui circulent dans le monde financier font rêver, ou pleurer, ceux qui les comparent au dénuement du monde tout court. L'idée de détourner une partie de ces richesses en faveur des plus déshérités est évidemment séduisante. Cette idée en rencontre une autre, qui consiste à rééquilibrer la fiscalité du travail vers le capital. Le capital étant mobile mais le travail ne l'étant pas, il est plus facile de taxer celui-ci que celui-là. En élargissant à la planète la fiscalisation du capital, on pourrait rétablir un équilibre.
Mise à part la question (essentielle) de sa faisabilité, la difficulté première que rencontre la taxe Tobin tient au fait que les richesses financières qui «circulent» dans le monde ne sont pas des richesses au sens habituel du terme. Le même dollar qui change mille fois de mains au cours de la même journée, avant peut-être de revenir à son propriétaire originel, sera compté comme mille dollars de transactions financières. Dès lors, une taxe au millième, par e