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Libération
Analyse

«La Marseillaise»: une lecture rationnelle.

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publié le 21 juillet 1998 à 5h54

Joël Martine s'est livré (Libération du 13 juillet) à une analyse

psychanalytique de la Marseillaise et de ses fantasmes. D'abord, il faut noter que cette analyse n'est en fait que celle du premier couplet et du refrain. L'hymne compte six couplets. Que devrions-nous penser d'un critique de cinéma qui analyserait un film sur son premier quart d'heure ou d'un psychanalyste qui ferait une analyse en deux séances?

Rappelons, pour qui peut être choqué par la prose guerrière de la Marseillaise, qu'elle fut, à l'origine, un chant destiné à galvaniser l'armée du Rhin, appelée à combattre quelques jours plus tard. Le style est rude, mais on reconnaîtra que cela fait partie du genre. On peut le regretter, certes, mais la violence de certains vers ne doit pas, pour autant, nous en cacher la signification véritable.

Cet hymne donc évoquerait la «pureté de la race nationale», et la «diabolisation de l'ennemi ["], par contraste», ferait apparaître les «méchants» comme «impurs». A-t-il oublié que la Révolution française, fille des Lumières, a aboli la distinction sociale fondée justement sur le sang, accordé la citoyenneté aux juifs, décrété le 4 février 1794 la suppression de l'esclavage, inventé les droits de l'homme et du citoyen? S'il est fait mention de «sang impur», il ne s'agit donc pas, à ce moment-là, d'une impureté biologique comme nous pourrions le comprendre aujourd'hui à travers le prisme de certains événements dramatiques du XXe siècle, mais tout simplement d'une métaphore vis