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Libération
TRIBUNE

Pour combattre le chômage, mieux vaut distribuer des salaires. Ne touchons pas aux cotisations patronales.

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publié le 24 septembre 1998 à 10h20

Lionel Jospin a tranché: la réforme des cotisations sociales

patronales souhaitée par Martine Aubry ne verra pas le jour. Cette non-réforme constitue paradoxalement un événement important. Elle marque en effet la rupture avec un dogme qui unissait depuis plus de quinze ans l'ensemble des élites du pays: pour combattre le chômage, il faudrait abaisser toujours plus le coût du travail peu qualifié.

Il était cependant surprenant de voir resurgir cette idée au premier plan maintenant: notre pays a dégagé l'an dernier, pour la troisième année consécutive, un excédent extérieur record de 230 milliards de francs. Nous sommes, avec le Japon, le grand pays développé qui a le mieux maîtrisé ses coûts de main-d'oeuvre depuis quinze ans. Et grâce à ces efforts, nos entreprises sont parmi les plus rentables. D'après l'OCDE, la part de la valeur ajoutée des entreprises qui sert à rémunérer le capital était en France de 41% en 1997. Une affaire qui marche pour nos patrons comparés à leurs collègues américains qui ne reçoivent que 34% de la valeur ajoutée sans parler des Japonais qui eux n'en récupèrent que 32% ou des Anglais avec leur maigre 31%. Et comment font les Danois? Malgré un coût du travail peu qualifié exorbitant, 70% de plus que chez nous d'après Eurostat, 75% des Danois de 15 à 65 ans occupent un emploi contre 59% des Français. 6 millions d'emplois supplémentaires à l'échelle de notre pays! Les employés et les ouvriers français sont-ils plus bêtes que leurs collègues danois ou