Les élections européennes porteront peut-être, pour une fois
oserait-on dire, sur l'Europe. Si tel devait être le cas, la matière en serait vite trouvée: la révision, inéluctable avant même qu'il ne soit ratifié, du traité d'Amsterdam.
Les opposants à Amsterdam s'escriment à faire de ce traité une deuxième ratification de Maastricht. Pour certains, rien ne serait plus exaltant que de rejouer le grand drame de 1992. Maastricht, pourtant, est déjà ratifié et, quoi qu'il advienne du traité d'Amsterdam, l'euro verra le jour le 4 janvier 1999. L'enjeu du nouveau traité, qui rend d'ores et déjà inévitable qu'il soit à son tour révisé, est ailleurs: dans la capacité donnée à l'Union européenne de s'ouvrir à l'ex-Europe de l'Est. Au-delà des incertitudes institutionnelles (comment repenser le rôle de la Commission, du Conseil, du Parlement) les incertitudes économiques ne sont pas moins grandes. Doit-on craindre que l'entrée de l'ex-Europe de l'Est ne provoque un déséquilibre migratoire de l'Est vers l'Ouest? Ou doit-on craindre un déséquilibre inverse de l'accumulation du capital, qui se porterait de l'Ouest vers l'Est? Pour le dire en d'autres termes: la partie orientale de l'Europe sera-t-elle une nouvelle frontière ou un nouveau Mezzogiorno?
La question a été posée, en ces termes, à propos de la réunification allemande. Sans préjuger de la suite, on est tenté de répondre qu'en Allemagne, c'est plutôt le Mezzogiorno qui a vu le jour. Il n'est pas pour autant écrit qu'il doive en êt