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Libération
TRIBUNE

Au nom de la vie privée, on remet abusivement en cause la liberté de création, de documentation, de témoignage et de critique des photographes. Circulez, y'a plus rien à voir.

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par Gérard MONNIER
publié le 4 janvier 1999 à 23h23

La presse et les journaux télévisés ont largement rendu compte des

affrontements qui ont opposé aux photographes de presse les vigiles chargés de protéger le joueur de football Christian Karembeu et sa jeune épouse le top model slovaque Adriana Sklenrikova le 22 décembre, sur l'itinéraire qui les conduisait de la mairie à l'église de Porto-Vecchio. Affrontement banal, peut-on penser, devenu courant de cette protection nécessaire de la vie privée contre l'intrusion déplacée des paparazzi. Affrontement économique, en réalité, qui mettait les vigiles au service des engagements négociés à l'avance par un magazine de presse, qui avait acheté l'exclusivité des droits de prise de vues et de publication de ces images.

Ces pratiques violentes dans l'espace public sont en dehors du droit, puisque la protection de l'image des personnes privées porte sur sa diffusion (art. 9 de la loi du 17 juillet 1970). Si la force publique, selon certains témoignages, est intervenue pour appuyer l'action des vigiles, c'est un abus. Quel arrêté municipal prescrivait son intervention?

C'est en fait toutes les pratiques actuelles de la photographie qui sont révélatrices d'une mise en question des libertés républicaines sous la pression de l'économie et du droit de l'image. Dans un ouvrage récent, consacré à la photographie dans les lieux publics, publié par la Documentation française (1), l'auteur de l'introduction, un juriste, en apportant sa caution à toutes sortes de pratiques administratives, témoign