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Libération
TRIBUNE

Le débat qui se déroule actuellement aux Etats-Unis autour des biens juifs spoliés est tout simplement indigne des morts. Que cesse cette danse macabre.

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publié le 6 janvier 1999 à 23h26

S'il y a un domaine, dans la tradition juive, où Dieu lui-même ne

s'aventure pas, c'est le royaume des morts, le Shéol. Chez les juifs, le cadavre est «thouma», impropre, interdit au toucher. A Jérusalem la sainte, un mort n'a pas le droit de passer la nuit. On l'enterre le jour même, hors des murailles de la ville. Et quand, en milieu juif, le bien d'un défunt ne trouve pas d'héritier, on l'affecte, depuis l'Antiquité, à un fonds de solidarité au profit de tous. Aussi, le débat, que dis-je, la danse macabre à laquelle on assiste actuellement aux Etats-Unis, autour des biens spoliés de ces six millions de juifs assassinés, un tiers de mon peuple, me fait frémir. Que cela soit clair: ceux qui ont tué des hommes doivent répondre de leurs crimes devant l'humanité. Cette règle, je l'ai toujours défendue et je continuerai à la soutenir quand bien même il s'agirait d'autres peuples que le mien. Ceux qui ont volé les persécutés doivent restituer les biens dérobés. Qu'il s'agisse de petits voleurs crapuleux qui ont profité du malheur des voisins ou que cela concerne des Etats ou des institutions. A ceux, «bien intentionnés» envers nous, les juifs, qui se demandent d'où viennent tous ces «trésors», qu'ils se tranquillisent: sur les millions de pauvres hères qui peuplaient avant-guerre l'Europe centrale, il n'y avait qu'une dizaine de Rothschild. Mais qu'ils vérifient le poids de quelques millions de dents en or sachant qu'à l'époque il n'y avait pas d'autre matériau pour les plomb