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Libération
TRIBUNE

L'ambitieuse politique de santé publique que Lionel Jospin nous avait laissé espérer en matière de toxicomanie se fait toujours attendre. Mais il n'est pas trop tard. Toxicomanie: où est passée la priorité?

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par Bertrand LEBEAU
publié le 8 janvier 1999 à 23h28

Durant la campagne des législatives, très précisément le 21 mai

1997, Lionel Jospin, dans un courrier qu'il faisait parvenir à Médecins du monde, Aides et la Mutualité française, indiquait que «la réduction des risques liés à l'usage de drogues doit être une priorité de santé publique».

En décembre 1997, se tenaient des Rencontres nationales sur l'abus de drogues et la toxicomanie. Les participants avaient alors deux revendications principales: une grande et ambitieuse politique de santé publique dans le champ des toxicomanies et une réforme de la loi de 1970. Concernant ce second point, Bernard Kouchner avait exhorté à «convaincre en procédant avec prudence», à ne faire de cette réforme ni un préalable ni un tabou. Bref, il y avait peu à espérer sur ce sujet et les acteurs de terrain en étaient conscients.

C'est sur leur première demande qu'ils souhaitaient voir le gouvernement avancer. Or, bien peu de décisions ou de mesures ont répondu, depuis un an, à cette attente. On a, au contraire, le sentiment qu'il n'y a pas plus de dynamique, alors que les difficultés s'accumulent.

Commençons par ce qu'on appelle les structures de première ligne, celles qui sont au contact avec les toxicomanes les plus marginalisés à travers les programmes d'échange de seringues, les lieux d'accueil («boutiques»), l'hébergement d'urgence («sleep-in»). Ces dispositifs ont été créés dans les années 90. Ils accomplissent un travail très difficile face à la misère sociale, à la délinquance, à la violence