Si, d'aventure, la pensée du Premier ministre avait été mal lue, son
ministre de l'Intérieur aura dissipé tout malentendu. Après avoir reconnu l'existence de causes idéologiques (comme on salue une jeunesse enfuie), il a nié tout lien de causalité avec des actes de violence au motif autant créé par l'émotion de rituelles images de télévision que justifié par des statistiques d'une valeur scientifique bien discutable d'une augmentation de la délinquance juvénile des jeunes Blacks et beurs qui peuplent les cités. Voici donc revenue l'impérieuse nécessité de réformer l'ordonnance de 1945 en créant un vrai juge répressif des mineurs, et, surtout, en permettant l'utilisation de l'outil carcéral pour contraindre certains éléments à quitter leur milieu d'origine. Il y a une part de vrai dans ce qu'affirme le Premier ministre. Aucune cause sociologique, la concentration de pauvreté, d'extranéités originelles, aucune cause structurelle, ni la laideur de l'environnement, ni la déficience des infrastructures, aucune cause sociale, le chômage qui frappe d'abord et avant tout les moins formés, les moins aptes à se défendre, n'annihile le libre arbitre. Mais la question des émeutes, des bus attaqués, des voitures qui brûlent, des policiers sur lesquels, pour la première fois, le feu a été ouvert, a un autre ressort, politique, au sens le plus haut.
Il suffit de constater que, parmi les grandes émeutes de l'année écoulée, aucune n'a exprimé de revendication. De Dammarie-les-Lys à Toulous