Dans votre édition datée des samedi 16 et dimanche 17 janvier un
article de votre correspondant à Washington, Patrick Sabatier, adopte un angle nouveau: conscient du faible intérêt que suscite en France le procès en destitution de Bill Clinton, il tourne le dos à l'événement et regarde les journalistes. Il les observe, les interroge, notant au passage les éléments susceptibles d'informer le lecteur sur l'exercice de leur métier. On apprend ainsi qu'un média, pour couvrir un procès devant le Sénat américain, doit être «accrédité». On apprend qu'un journaliste peut avoir une opinion contraire à celle qu'il doit afficher pour intéresser son public. On apprend qu'une partie de son métier consiste à lancer des questions de derrière des barrières infranchissables, ou à attendre devant des portes fermées. Rien de très nouveau mais il est bon de les rappeler. Bien sûr, des livres, des tribunes, et même des journaux dénoncent les méthodes de la presse, sa marge de manoeuvre réduite ou ses connivences avec le «pouvoir». On dit aussi que les véritables enquêtes se font de plus en plus rares, et l'on sait que les informations sont triées, pesées, mises en forme, avant d'être lâchées avec parcimonie au cours de conférences de presse coûteuses et de copieux déjeuners. Bien sûr, on connaît l'extraordinaire pouvoir filtrant des services de presse, et la censure que peut exercer un interlocuteur sur les propos qu'il a pourtant tenus. Les journalistes sont instrumentalisés mais le meilleur mo