«Monsieur le ministre, ne nous décevez pas!» a lancé la
représentante des élèves élus au Conseil national de la vie lycéenne, au colloque «Quels savoirs enseigner au lycée» (Lyon, le 29 avril 1998). Le rapport présenté par Philippe Meirieu avait, en effet, provoqué de fortes attentes, parce qu'il est le produit d'une vaste consultation, première de ce type en France, qui a sollicité plusieurs millions d'élèves, des milliers d'enseignants et l'ensemble du système éducatif. Très politique, il affirme avec force que l'école est une institution de la République et se fixe pour objectif de réaliser le pari de la démocratisation. Il propose des réformes de fond qui concilient à la fois l'idéal démocratique et l'idéal républicain: le lycée unique regroupe les filières générale, technologique et professionnelle; il a pour ambition de mettre fin à la ségrégation dont souffrent les élèves des séries professionnelles; pour tous les élèves, quelle que soit leur série, une culture commune est le moyen indispensable de parler à l'autre et d'agir sur le monde en citoyen éclairé. Il vise, ainsi, à la cohésion sociale et participe à la lutte contre la fracture sociale. On en finit aussi avec l'encyclopédisme et l'empilement des savoirs, avec ces programmes que l'on ne termine jamais, que l'on survole et que l'on oublie sitôt l'examen passé; en même temps, chaque élève a le droit à un accompagnement personnalisé pour mieux surmonter ses difficultés scolaires. Au lendemain du 29 avril 1998, Cl