Le procès qui va s'ouvrir des anciens ministres Laurent Fabius,
Georgina Dufoix et Edmond Hervé, dans l'affaire du sang contaminé, pour homicides involontaires, loin de constituer les prémices d'un gouvernement des juges n'est que la simple application de la loi, en l'espèce la conjonction de la Constitution et du code pénal.
Certes, ce sera un procès exceptionnel, devant une juridiction particulière, la Cour de justice de la République. Mais, comme l'indiquait son ancien président, Louis Gondre, il ne s'agit que d'une «juridiction de droit commun des ministres pour des faits réputés commis dans l'exercice de leurs fonctions».
Pourtant, la simple mise en oeuvre de ces dispositions issues d'une réforme de 1993 semble insupportable à certains qui, à l'occasion de ce qui pourrait apparaître comme un plan-media, dénoncent la confusion entre la responsabilité pénale et la responsabilité politique, ce qui conduirait tout droit à un procès en sorcellerie, dangereux précédent pour la démocratie.
C'est ainsi que Michel Winock, dans Libération du 15 janvier 1999, relève comme une étrangeté que le procureur général près de la Cour de cassation, après avoir par deux fois requis un non-lieu, n'ait pas été suivi par les trois magistrats de la commission d'instruction. Il est certes en bonne compagnie puisque Pierre Joxe, premier président de la Cour des comptes, dans un entretien accordé à l'Evénement, se dit abasourdi du renvoi de trois ministres devant la Cour de justice de la République. O