Un procès politique est-il utile dans l'affaire du sang contaminé?
Non. Car ce n'est ni la fonction politique qui est en cause, ni celle de ministre, ni celle d'une couleur politique. En revanche, la question doit être examinée de l'éventuelle responsabilité d'hommes et de femmes ministres à l'époque de la contamination par le virus du sida de milliers de personnes transfusées et hémophiles. Il y va du bon fonctionnement de la démocratie et de la dignité de la fonction politique elle-même. La présomption d'innocence doit être respectée et c'est aussi pour que ce respect puisse continuer d'exister que l'examen objectif des faits doit être effectué et les doutes écartés.
La sinistre exception française La commission d'instruction de la Cour de justice de la République a travaillé pendant quatre ans sur les responsabilités éventuelles de Laurent Fabius, Edmond Hervé et Georgina Dufoix, respectivement Premier ministre, secrétaire d'Etat à la Santé et ministre des Affaires sociales à l'époque des faits (nous sommes en 1985). Cette commission a accumulé 100 000 pages sur la «sinistre exception française». Notre pays, à la différence des autres pays européens, a maintenu très tardivement à la fois l'absence de sélection des donneurs de sang, l'absence de test de dépistage, les collectes massives de sang en prison et l'absence de recours au «chauffage» des médicaments antihémophiliques. Cette conjonction a conduit au résultat que l'on sait: 56% des contaminés européens par transfusion