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TRIBUNE

Dans le commerce, temps partiel et horaires élastiques sont la règle. Aujourd'hui, le patronat argue de la loi Aubry pour casser un peu plus les conventions collectives. 35h = 35 fois plus flexible.

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par Patrick BRODY
publié le 26 janvier 1999 à 23h19

1936, les 40 heures; 1999, les 35 heures. Sur le papier, cela

ressemble à un progrès social. Mais dans certains secteurs, dans le commerce en particulier, l'application des 35 heures risque de se transformer en vrai recul. Rappelons qu'en 1980 le temps partiel n'avait été choisi que par 10% des salariés de notre profession. Or, en 1998, les magasins populaires (Monoprix, Prisunic) imposent le travail à temps partiel à 90% des salariés, et les grands magasins (Printemps, Galeries Lafayette, Samaritaine") condamnent 40% de leurs employés à cette forme d'emploi. Tous secteurs confondus, 45% des caissières travaillent moins de 30 heures par semaine. Cette baisse des contrats s'accompagne paradoxalement d'une augmentation de la disponibilité: dans les magasins populaires, on travaille couramment six jours sur sept avec des contrats inférieurs à 25 heures. Partout, horaires élastiques chargés au gré de l'employeur et heures complémentaires imposées sans délai de prévenance, et au-delà du seuil autorisé. Dans le commerce, le code du travail est violé tous les jours.

Alors même que le patronat du commerce affiche des profits insolents, dans notre profession ­ notamment dans les magasins populaires ­, le montant des fiches de paie ressemble plus à un minimum social qu'à un salaire.

Cette situation objective bat en brèche tout discours libéral sur la prétendue modernité du secteur tertiaire, présenté avantageusement par ses thuriféraires comme synonyme de progrès, en opposition à l'«arch