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Libération
TRIBUNE

Milosevic ne cherche pas du tout à contrôler le «berceau historique» de la nation serbe. Il tient à conserver son pouvoir à Belgrade. Le Kosovo n'intéresse pas Milosevic.

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par Alain DESTEXHE
publié le 26 janvier 1999 à 23h19

Et si l'objectif de Milosevic était de pousser les Occidentaux à

accepter ce dont ils ne veulent à aucun prix, l'indépendance du Kosovo?

Dans les capitales européennes, on tient pour acquis que Milosevic veut préserver le Kosovo, «berceau historique» de la nation serbe, au sein de ce qui reste de la Yougoslavie. Depuis 1989, il a cependant démontré qu'il n'avait qu'un seul projet politique: conserver le pouvoir par tous les moyens.

Dans ce but, il a successivement sacrifié les Serbes des Krajina et de Slavonie, ainsi que ceux de Bosnie vivant hors de la «Republika Srpska». Aujourd'hui, le sort du territoire et des Serbes du Kosovo lui importe peu si cela lui permet de garder le pouvoir à Belgrade, tout en se désengageant d'un conflit coûteux.

Les gouvernements de l'Otan doivent accepter quelques constats désagréables. Le premier est que le Kosovo n'est pas la dernière cartouche de Milosevic. Il dispose encore d'une série de cartes: le Monténégro, le Sandjak (où vit une importante minorité musulmane), la Voïvodine et la Macédoine. Il peut partout reproduire le même scénario déstabilisateur: Milosevic a le temps.

Le second est que le président yougoslave a toujours su se rendre incontournable: pour faire la paix avec la Croatie, puis en Bosnie, demain au Kosovo, après demain au Sandjak. Loin de voir en lui le principal problème des Balkans, les Occidentaux le perçoivent toujours comme la solution du problème. Milosevic s'est parfaitement prêté à ce jeu, maniant habilement la tensi