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TRIBUNE

Le sportif dopé et exclu des années 90 ne doit pas être rejeté comme le toxicomane pestiféré des années 70. Dopage, toxicomanie:un même combat.

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par Jean-Daniel ESCANDE
publié le 5 février 1999 à 23h37

Le sportif est-il un toxicomane qui s'ignore? La finalité est celle

de s'échapper du quotidien mais le toxicomane va vers un bien-être artificiel tandis que le sportif veut s'intégrer au réel du pouvoir et de l'argent. La relation à l'autre et à soi-même est la même, elle s'inscrit dans le narcissisme total. Les deux transgressent la loi, mais l'interdit pour le sportif change en fonction du sport, du lieu et du moment. Où se situe l'interdit pour un toxicomane dans une société qui ne sait plus, ou de façon confuse, où sont ses repères? La drogue et le sport, ça détruit, pourtant le toxico et le sportif ne pensent qu'à ça" On peut dire que les deux compensent un manque dans le «tout, tout de suite». Dans les deux cas, c'est le couple infernal plaisir-souffrance qui prédomine. Le sportif de haut niveau finit par être en marge, comme le toxicomane. Mais l'un va vers une gloire éphémère tandis que l'autre va directement dans l'obscurité d'une cellule de prison. Tous les deux connaissent finalement l'exclusion de leur milieu. Dans les deux cas, il s'agit des mêmes produits, des mêmes mots et des mêmes concepts de vie. La dope, la souffrance, la douleur, la dépendance, l'argent, le manque, la défonce. L'anesthésie, la violence, la solitude, l'angoisse, la piqûre, le rituel, le doute, le contrat. La frustration et les contraintes de la vie quotidienne. La rupture avec la société, favorisée par l'ingestion de produits qui conduiraient vers des paradis artificiels. C'est donc l'irru