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TRIBUNE

La grève de ceux qui bénéficient de grands avantages, comme la garantie de l'emploi, peut être indécente. Il y a des règles d'éthique à respecter, dont le service minimum. Service public: changer la grève.

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publié le 8 février 1999 à 23h39

La grève est un droit, mais en aucun cas un devoir. Hélas! Dans les

services publics, comme l'avait remarqué Georges Elgozy: «Le droit de grève est devenu le droit de quelques-uns à disposer de tous», quitte à le faire au nom de l'intérêt général pour mieux satisfaire des revendications corporatistes. Les conducteurs de TGV ont ainsi obtenu une «prime spéciale de congé» pour compenser la perte de «primes de conduite» pendant leurs congés!

Pourtant, comme l'a rappelé récemment Louis Gallois, son président: «La SNCF n'a pas pour vocation de faire le bonheur du cheminot mais de transporter des voyageurs.» La grève ne devrait intervenir qu'en dernier recours après négociation et comme signe d'échec du dialogue social, et non, avant, comme une prise du public en otage visant à peser dans le marchandage pour obtenir une plus forte rançon. Hélas! les transports publics n'ont pas le monopole des prises d'otage! Les routiers sont aussi très efficaces en ce domaine. Même si les revendications d'une infime minorité de citoyens paraissent légitimes, est-ce une raison suffisante pour s'attaquer aux libertés fondamentales de tous: à commencer par celle de se rendre librement à son travail?

En France, on confond trop souvent service public et statut public des agents qui en sont chargés. Dans bien des cas, le service du public serait mieux assuré par des entreprises qui seraient (éventuellement) en concurrence et qui répondraient à un cahier des charges précis avec une obligation de service