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Libération
TRIBUNE

Ce procès, cette cynique parodie.

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par François LONCLE
publié le 11 février 1999 à 23h42

On ne peut suggérer la sérénité face à un délire judiciaire. On ne

peut évoquer la nécessaire dignité. Dans ce procès, tout sonne faux. On trompe les victimes, déjà perdues dans un enchevêtrement d'instances civiles et administratives, en orientant leurs plaintes vers des boucs émissaires. On abaisse le Parlement ­ qui a contribué à cette situation en votant la loi du 27/07/1993 ­ en transformant députés et sénateurs en juges. Ces robes noires portées par des collègues, dont nombreux sont et resteront mes amis me font honte. Absent du Parlement entre 1993 et 1997 par la volonté des électeurs, je n'aurais jamais voté ce texte qui porte atteinte à la séparation des pouvoirs. Réélu en 1997, je n'accepterai jamais de me porter candidat à une juridiction qui offense les principes républicains.

Ce procès ne satisfera que les médias, à l'exception de quelques journalistes qui font l'honneur de la presse, parce qu'il se vend bien. Il a une connotation poujadiste, populiste, convenant à ceux qui exigent le sacrifice d'un coupable à condition que celui-ci émane du pouvoir politique. Nous avons raillé la justice américaine et nous sommes en train de fabriquer des procureurs Starr. La confusion des pouvoirs, la pénalisation de l'action politique, la criminalisation de la responsabilité vont miner notre démocratie.

Alors que s'ouvre cette sinistre et cynique parodie, je pense à toutes les victimes, à leurs droits détournés, mais d'abord à celles ou à leurs proches qui ont refusé cette proc