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Libération

Economiques. Gare au réveil asiatique.

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publié le 22 février 1999 à 23h50

La crise est souvent perçue comme conjoncturelle: la récession en

Asie, après les chutes des devises, a affecté les exportations des pays occidentaux. Dans cette interprétation «conjoncturelle» de la crise, on avance que les pays asiatiques sont sur la voie du redressement (la Corée aura probablement en 1999 une croissance positive, de +2% à +3%) et que cela va profiter, dès le second semestre 1999, à l'Europe et aux Etats-Unis.

Nous voudrions défendre ici une thèse tout à fait différente: la crise asiatique aura des effets structurels forts et durables sur l'Europe et sur les Etats-Unis, puisqu'elle déclenche une nouvelle vague de délocalisations industrielles vers l'Asie. Le redressement de l'Asie peut donc se faire aux dépens des pays occidentaux et ne pas du tout leur profiter. Depuis le début des années 90, les pays asiatiques ont surinvesti. Leur taux d'investissement augmente brutalement à partir de 1990-91, dépasse le taux d'épargne nationale, pourtant très élevé (35%, contre 22% en Europe et 15% aux Etats-Unis); le capital s'accumule très rapidement, mais dans une situation d'excès de capacité: le taux d'utilisation des capacités de production en Corée avant la crise n'est que de 65%!

Pourquoi cette situation n'a-t-elle pas eu d'effets plus précoces sur l'Europe ou les Etats-Unis? Essentiellement en raison de la surévaluation antérieure des devises de ces pays, qui avaient le plus souvent lié leur monnaie au dollar (alors que l'inflation était chroniquement supérieure