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TRIBUNE

Livre. Une fiction, écrite par un spécialiste du terrorisme, décrypte l'engrenage de l'intégrisme. Soldats de Dieu. Pierre Marcy: «Enfants perdus de l'Islam. Des cités au terrorisme: la manipulation». Editions L'Harmattan. 167 pp., 85 F.

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publié le 23 février 1999 à 23h51

Sous un nom d'emprunt, Pierre Marcy, un spécialiste français du

terrorisme qui a côtoyé et écouté des ribambelles de petits soldats et d'émirs algériens, raconte les Enfants perdus de l'Islam à travers l'itinéraire de Rachid, rebeu de La Courneuve qui tourne à vide dans la cité des Peintres, avec son pote Fabrice. Comme l'histoire authentique des deux gamins paumés (Redouane et Stéphane) recrutés en 1994 par l'émir des banlieues Ziyad et qui sont allés porter le jihad au Maroc. Pour le Rachid du livre qui se dévore comme un polar mais n'en est pas un, tout a commencé aussi avec l'arrivée de Youssef dans la cité, sorte d'«ambassadeur de l'Islam». C'est avec cet idéologue que Rachid découvre les préceptes d'Allah. Et pas avec son père, qui ne lui a jamais parlé religion: «C'est pas toi, dans ta mosquée de vieux, qui m'amèneras à la Lumière. Qu'est-ce que tu fais pour l'Islam, pour nos frères pourchassés? Rien.» Rachid intègre, avec son pote Fabrice, un studio à Paris prêté par le «barbu».

A la façon de Khaled Kelkal, petit «droit commun» de Vaulx-en-Velin converti à l'islam en prison, puis recruté en 1995 par un émir algérien pour poser des bombes en France, le Rachid de l'auteur est conditionné à devenir un «soldat de Dieu». Un stage d'entraînement du côté de Valence à crapahuter dans la forêt, comme dans les maquis algériens. Un voyage dans les montagnes d'Afghanistan, pour devenir un vrai Moudjahidin rompu aux techniques militaires. A l'instar d'une ribambelle d'«islamistes»