Puisque la recherche sur les êtres humains est autorisée, dans des
conditions spécifiées, à tous les stades postimplantatoires (foetus, enfant, adulte, cadavre), l'interdit qui frappe la recherche sur l'embryon in vitro est une décision d'exception et non justifiée dans son principe. Cet interdit fut une concession majeure faite par le Parlement au lobby catholique, concession qui a permis de légaliser d'autres pratiques, soumises, celles-là, à de fortes pressions du lobby biomédical (congélation de l'embryon, diagnostic préimplantatoire, anonymat du don de sperme, etc.).
Avant même l'adoption de la loi de bioéthique, des efforts incessants pour démontrer l'intérêt scientifique ou médical de recherches sur l'embryon humain alimentaient cette rubrique très médiatique. Depuis l'interdit de 1994, l'offensive prorecherche s'est faite plus agressive, relayée par des gynécologues ignorant tout de ce qu'est un laboratoire mais décidés à obtenir le «droit à la recherche», au nom tantôt de l'irrépressible «soif de l'homme pour la découverte», tantôt des extraordinaires progrès médicaux qui ne pourraient survenir qu'à cette condition. Quelles sont en réalité ces recherches qu'on devrait mener sur l'embryon ex vivo?
Charles Thibault affirmait la nécessité de l'expérimentation sur l'embryon humain dès 1994, à partir d'exemples concrets que je réfutais dans la même tribune (Ethique n° 12, 1994). Brièvement, les recherches proposées alors concernaient la mortalité embryonnaire, la grossesse