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Libération
TRIBUNE

La communauté internationale refuse au Kurdistan ce qu'elle négocie pour le Kosovo. L'Occident complice du calvaire kurde.

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publié le 24 février 1999 à 23h52

L'histoire offre parfois des raccourcis édifiants. Ainsi, au moment

où ce qu'il est convenu d'appeler «la communauté internationale» réunissait dans le faste du château de Rambouillet des dirigeants serbes et des représentants des 1,8 millions de Kosovars ­ y compris des guérilleros de l'UCK ­ pour imposer l'autonomie de la petite province du Kosovo, Abdullah Öcalan, chef d'un mouvement de guérilla en lutte pour l'obtention d'une autonomie régionale pour les 15 millions de Kurdes de Turquie, banni d'Europe, était capturé en Afrique comme un vulgaire Carlos et ramené de force en Turquie avec la complicité et les félicitations des Etats-Unis, d'Israël et de quelques autres" La guerre du Kosovo a fait quelques centaines de morts et près de cent mille déplacés. Celle du Kurdistan turc au moins trente mille morts et plus de trois millions de déplacés. Au cours de cette guerre à huis clos, sans image en raison du black-out imposé par Ankara dans les régions kurdes, l'armée turque, pratiquant la politique de la terre brûlée, a évacué et détruit quatre mille villages kurdes, bombardé une dizaine de villes, dévasté le pays kurde et son économie traditionnelle. Les forces paramilitaires turques ont décimé les élites kurdes en assassinant plus de 4 500 personnes dans les tristement célèbres faili meçhul (meurtres à auteurs inconnus) pour empêcher la formation d'une alternative kurde démocratique et pacifique en vertu d'une stratégie on ne peut plus claire: réduire la question kurde au