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Libération

Les «malgré nous» du suffrage universel.

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publié le 26 février 1999 à 23h54

Un thème bizarre, paradoxal mais surtout parfaitement anachronique,

traverse les frontières politiques et affleure dans les propos des hiérarques des partis, qu'il s'agisse de ceux de la gauche de gouvernement ou de ceux de la droite parlementaire: le poids du Parlement de Strasbourg resterait si faible, les clivages entre alliés à propos de l'Europe seraient si ténus que tous les arrangements possibles et tous les compromis imaginables deviendraient légitimes pour composer les listes.

Ainsi, le Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement aurait-il pu faire liste commune avec le PC et réfléchit-il encore à un mariage de raison avec le PS et les radicaux de gauche; ainsi, la liste de Robert Hue accueille-t-elle avec le même entrain jovial partisans et adversaires des traités de Maastricht et d'Amsterdam; ainsi, Valéry Giscard d'Estaing, naguère inégalable héraut de l'identité européenne de l'UDF, milite-t-il pour une liste d'union, fût-ce sous la houlette de Philippe Séguin, procureur le plus fracassant de l'euro et contempteur le plus talentueux des partages de souveraineté; ainsi, Charles Pasqua, favorable aux accords de Schengen lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, en fustige-t-il vivement l'intégration dans le traité d'Amsterdam.

Les obsessions tactiques et les narcissismes conquérants balaieraient donc toute confrontation de fond. Les élections européennes auraient pour seule vocation de mesurer le rapport des forces hexagonales et d'offrir quelques lots de consol