Si les choses continuent, l'euro vaudra bientôt moins d'un dollar.
Barre symbolique: l'euro fort sera devenu l'euro faible. Et les vieilles rengaines de réapparaître, accompagnant les complexes d'infériorité traditionnels des Européens à l'égard de l'Amérique. La suggestion par Paris à Washington de stabiliser les cours des grandes monnaies en est l'exemple parfait. Remplacez euro par franc, dollar par deutsche mark, et la discussion a une forte odeur de déjà vu. Il faut répéter les vieilles vérités. Pas plus que franc fort ne voulait dire France forte, euro fort ne veut dire Europe forte. Le taux d'échange est un prix, pas un score de finale de Coupe du monde. Comme tous les prix, il doit quelquefois monter, quelquefois descendre. C'est vrai qu'à la différence de beaucoup d'autres prix il dépend directement des politiques des banques centrales. Et qu'en l'occurrence la Fed et la BCE ont les moyens de le stabiliser. Mais ce serait une erreur: en effet, stabiliser un taux d'échange implique une utilisation agressive des taux d'intérêt. Car intervenir sur le marché des changes (acheter ou vendre massivement de la monnaie pour faire monter ou descendre un cours) sans changer le taux d'intérêt (ce que les économistes appellent une «intervention stérilisée») affecte le taux d'échange pour quelques minutes, quelques jours au plus.
Le taux d'intérêt américain est choisi par la Fed en fonction de ce qui se passe aux Etats-Unis. Le taux d'intérêt sur l'euro est choisi par la BCE en fo