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TRIBUNE

Il n'y a pas de neutralité de l'humain. L'humain, c'est l'homme et la femme identiques et différents en chacun de nous. Parité: qu'en dirait Beauvoir?

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par Françoise RETIF
publié le 9 mars 1999 à 0h04

On invoque beaucoup Simone de Beauvoir ces derniers temps alors

qu'on n'en entendait plus parler. Voilà qu'à l'occasion du débat sur la parité, on se réclame d'elle et surtout de son universalisme. Serait-elle sortie du purgatoire? Pour le dixième anniversaire de sa mort, il ne s'était rien passé; la presse s'était tue, mais, cinquante ans après la parution du Deuxième Sexe, on reparle d'elle (comme si, d'ailleurs, elle n'avait écrit que cet ouvrage). Le Deuxième Sexe redevient à la mode, d'autant que son cinquantenaire a le bon goût de tomber au moment du débat sur la parité. Il n'est pas sûr que l'ouvrage soit pour cela mieux compris. Et encore moins son auteur.

Il pourrait être intéressant, en ces temps de questionnement sur la parité d'aller voir d'un peu plus près ce que Beauvoir entend par cet «universalisme» dont on parle tant. En relisant son oeuvre, et pas seulement le Deuxième Sexe, mais aussi ce qui fut écrit avant et après ce livre (l'Invitée, le Sang des autres, les Mandarins") parce que le Deuxième Sexe est une oeuvre de Beauvoir parmi tant d'autres qui lui font écho et la prolongent à la fois. On découvrirait alors Beauvoir qui s'éloigne quelque peu des certitudes énoncées dans son essai et cherche à tâtons sa voie dans le face-à-face de deux identités (masculine et féminine) qu'elle essaie de concilier, de faire coexister, sans sacrifier ni l'une ni l'autre.

L'androgynie que tente de rejoindre Beauvoir n'a rien à voir avec le genre neutre que prône Elisabeth Bad