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Libération

J'ai rêvé qu'une Maison des Balkans""

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publié le 10 mars 1999 à 0h04

Originaire de cette péninsule balkanique, je connais trop

l'acharnement autodestructeur qui y sévit pour croire totalement à un dénouement heureux. La paix matérielle, physique, est une chose, la paix des esprits ­ celle des âmes et aussi des fantômes ­ en est une autre.

Alors j'ai fait un rêve: si une lueur d'espoir venait de ce pont forgé au cours des siècles qui relie l'Europe du Sud-Est et le reste du monde? Loin des patries lourdes du poids écrasant de l'Histoire mal digérée, de frustrations et de haines viscérales sacralisées, ces diasporas dispersées aux quatre coins de la planète pourraient avoir des audaces encore inconcevables là-bas. Alors, pourquoi pas, dans l'esprit des négociations de paix de Rambouillet, bâtir en France, à Paris, une «Maison des Balkans» qui soit un toit commun pour nous tous, Albanais, Bosniaques, Bulgares, Chypriotes, Croates, Grecs, Macédoniens, Monténégrins, Roumains, Serbes, Slovènes" Si proches et si différents à la fois, nous pourrions sentir qu'au-delà des pages sombres de l'Histoire, «une communauté de destin» nous unit pour l'avenir. Cette Maison accueillerait tous ceux qui vibrent aux soubresauts de l'Europe du Sud-Est pour des spectacles, des concerts, des débats, et pourquoi pas des rencontres festives et sportives entre jeunes issus de ces diverses régions. J'ai mal de voir le monde lassé d'envoyer chez nous ses soldats de paix, et le mot «balkanisation» rester synonyme de «chaos». Cette initiative interculturelle permettrait de r