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Libération
TRIBUNE

Avalanches et boucs émissaires. Le hors-piste n'est pas l'aventure.

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par Volodia SHAHSHAHANI
publié le 11 mars 1999 à 0h06

En moins de quinze jours, soixante personnes sont mortes dans leurs

chalets, au Tyrol, dans le Valais, le Mont-Blanc et le Val-d'Aoste. Des centaines de milliers de touristes ont été bloqués dans les stations. Pendant ce temps, une dizaine de skieurs de randonnée ou de hors-piste se sont tués, sans nuire à quiconque. Il n'y a malheureusement rien de nouveau: les Alpes françaises ont connu des épisodes avalancheux aussi intenses en 1981 et 1978. Pourtant, cette fois, il est question de «réglementer». Quoi? La circulation sur des routes exposées, la construction de chalets sous des couloirs d'avalanches répertoriés, l'ouverture précipitée de pistes en dessous de pentes insuffisamment purgées? Vous n'y êtes pas.

Depuis l'igloo de la Vanoise, dont le bilan final est de trois survivants sur les trois naufragés et une bonne centaine parmi ceux qui sont allés les chercher, une autre chasse a commencé. Aux avant-postes, le parquet d'Albertville et son substitut, déclarant à l'adresse des trois randonneurs de Pralognan: «S'il y avait eu mort d'homme parmi les sauveteurs, je les aurais poursuivis pour homicide involontaire.» Le préfet de Haute-Savoie, Pierre Breuil, qui n'avait pas fait évacuer préventivement le village de Montroc (douze morts) alors qu'un bulletin spécial de Météo France annonçait une situation avalancheuse exceptionnelle, s'était rabattu, lui aussi, sur le lampiste en interdisant carrément, le 13 février, toute sortie en montagne. Aussitôt, ceux dont la mission est d