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Libération
TRIBUNE

La pulsion antiséparatiste des dirigeants turcs est si forte qu'ils peuvent pendre Öcalan pour tuer l'identité kurde. La névrose turque.

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publié le 12 mars 1999 à 0h06

Cette Turquie qui donnait l'impression d'être mal dans sa peau,

coincée entre islam et laïcité, Orient et Occident, a pourtant joué dans l'affaire Öcalan avec une détermination et une efficacité incroyables: la traque puis l'enlèvement du chef du Parti des travailleurs kurdes (PKK) a été le dernier acte d'une longue guerre.Gagnée par les Turcs contre «leurs» Kurdes, leurs voisins arabes et aussi leurs voisins européens.Les dirigeants turcs ont commencé par masser 40 000 hommes sur la frontière syrienne pour contraindre Hafez el-Assad à expulser le chef kurde réfugié de longue date chez lui. Craignant d'être pris en tenaille entre Israël au Sud et la Turquie au Nord (il existe un accord militaire entre les deux pays), le dirigeant syrien a capitulé. C'est ainsi qu'à commencé la longue fuite d'Öcalan de pays en pays. Il restait encore à le capturer.

La Turquie a alors invité en grande pompe à Ankara le vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz. Celui-ci a demandé que les actions américaines ne puissent plus partir de la base turque d'Incirlik pour bombarder l'Irak. Implicitement, les Etats-Unis étaient menacés de perdre une base d'appui indispensable contre Saddam Hussein. Ils ont alors multiplié les déclarations et les pressions pour que le chef kurde ne trouve refuge nulle part. Leurs avions ont pu continuer de décoller d'Incirlik et l'armée turque franchissait une fois de plus la frontière irakienne afin de s'en prendre aux bases du PKK installées de l'autre côté.

Quelques jou